PT n°15 – Paroles de créateurs I

Chères lectrices, chers lecteurs,

Nous avons le plaisir de vous offrir ce nouveau numéro du Pavillon turquoise.

Paroles de créateurs initie une série de numéros dédiés à la création. Chacun d’eux donnera la parole – sous forme d’une vidéo ou d’un podcast – à un ou deux artistes qui acceptent de nous accueillir dans leurs univers de création. Cette fois-ci, il s’agit du poète Alain Pizerra que nous avons déjà eu l’occasion de découvrir dans le numéro 8 consacré à la poésie, et ensuite de Éric Mauer, créateur aux multiples langages que nous sommes allés rencontrer à Bordeaux. En ce qui le concerne il s’agira dans ce numéro, d’une simple mise en bouche, avec la présentation d’une création sonore mixée par ses soins et réalisée par Marc-Antoine Beldent à partir du film Le Voyage dans la lune de Georges Méliès. Ce premier volet nous introduit à sa passion de recherche sur le son et l’image. Il sera suivi, lors d’un prochain numéro, par la présentations d’autres volets concernant plutôt sa dimension de créateur plasticien et également d’ingénieur du son. Enfin nous conclurons par notre traditionnel Lexikone, deux lexikones, cette fois-ci, proposés par JJ.Schlegel et Alain Pizerra qui nous offre sa voix en plus du texte et de l’image.

Nous vous souhaitons de passer un excellent moment en leur compagnie.

E.Rey et L.Gomez

Podcast n°3 – La Voix d’Alain Pizerra – Poète

« Perdue dans les replis du monde, la petite goutte de l’humain… Confiance ! »

Tous les poèmes sont de l’auteur sauf l’extrait signalé de Rilke. Si vous souhaitez découvrir davantage Alain Pizerra, nous vous invitons à visionner le film « Un palais dans une boîte à chaussure ».

Quelques publications : Cerner la petite part, Comme Un, aux Édition Area ; Le Caïman écorché, L’Entonnoir du destin, aux Édition Unicité ; Mon chemin sous la neige, Aux Myrtilles de treize mille ans, aux Éditions d’Écarts ; des livre d’artistes (un poème accompagné d’une oeuvre de Danielle Loisel) aux Édition Signum : D’où je suis, Celui qui, Deux petits pains durs, Un seul point, Encore quelques pas, Ténu.

L’Univers d’Éric Mauer I

Passionné de sons et d’images, Éric Mauer s’est associé à Marc-Antoine Beldent pour relever le défi de concevoir la bande-son du Voyage dans la Lune (film muet réalisé en 1902) de Georges Méliès, restauré par Lobster Films. Nous vous proposons de découvrir cette réalisation telle qu’ils l’auront finalisée, avant d’entendre leurs explications et commentaires lors d’un prochain numéro.

Lexikones n°8 – 9

Qu’est ce que le Lexikone ? Une forme réunissant une image et un texte, comme une petite œuvre.

8 – JJ.Schlegel

Nature morte

Ces citrons sont de la main d’un ami.
Ce ne sont nullement des agrumes anonymes.
Puis, ils étaient chez ma mère.

Après sa mort, je les ai récupérés
J’en ai hérité en quelque sorte bien que c’était
Moi-même qui lui en avais fait cadeau.

Quand je les regarde, j’ai la preuve
Que ma mère est partie, et
Pas la peine de m’y habituer, je m’en irai aussi.

Les citrons, eux, seront encore là, je suppose.
On dirait des citrons, quoi ; en fait
C’est autre chose.

Si la nature est morte
Elle a vocation de survivre
À ceux qui ne sont vivants que par nature.

23 Février 2018JJ Schlegel

9 – Alain Pizerra

Une vie sulfureuse – Aline Gagnaire 1989

Je déserte…

Je déserte ce monde fessu, repu.

Les pauvres s’y enfoncent,

et l’on rote devant eux.

Je déserte le blockhaus du deux,

celui famille huis-clos ou bobo-culavé,

pour les perruchonneries en cages sécurisées.

Je déserte la cruauté du ciel

qui exile l’humain

coupable de croire en lui.

Je déserte la foule,

champignon grimaçant,

ses baves d’analphabètes

gavés de nuits comptables

de la gras-attitude.

*

Je déserte

la représentation de ces ombres résignées,

théâtre pour morts-vivants,

les bigoteries multiples,

kyrielle des peurs de vivre,

les singeries vides de sens,

bouffons et leurs grelots.

*

Condoléances miteuses

pour les larmes versées

sur la mort d’une mère.

Là, on ne triche pas…

*

Je déserte toutes ces choses,

et je déserte aussi

ce qui nous fait croupir et puis nous fait pourrir ;

le respect-marionnette, les peurs assurance-vie

pour au-delà fumeux et palingénésique.

*

Une vie, c’est tant déjà !

Obligeance à l’étoile

qui accueille nos dérives.

Je déserte toutes ces choses et je déserte enfin

ces mots trop bien coiffés et leurs rimes-courbettes,

leur préférant des taches, une pensée vagabonde,

et puis des nuits hirsutes sans le silence blafard,

l’ombre morne des églises.

Et j’accueille le désert

qui chante du cri des pierres éclatant dans la nuit.

Une brûlure glacée.

Réveil. Il signifie le paradis.

Je pars pour ces lointains que l’on ne connaît pas

et leur dialogue au vent,

ce chant originel qui fait naître les dunes.

Et puis des horizons nouveaux, insoupçonnés,

où il n’y a rien à vendre,

pas de portes à ouvrir, larbins pour les garder.

Robe de nuit glacée sur le désert brûlant.

*

À travers les sables

l’ombre de l’oiseau,

étreint le royaume dans la lumière.

Ultime vérité.

Alain Pizerra

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